Ibrahim Rym
Introduction
Rym, ancienne doctorante du CERGAM, a soutenu sa thèse en décembre 2018. Dans cette interview, nous demandons à Rym de raconter ses 4 années d'aventure en thèse.
Titre de la thèse
Soutenir l'innovation par l'organisation d'actions collectives...ou comment nourrir les capacités d'agir entrepreneuriales de dirigeants d'entreprises. Le cas des opérateurs de services à domicile en région PACA
Interview

Commençons par le commencement, pourquoi la thèse ?
Parce qu’issue d’un cursus ingénieur en biotechnologies, je voulais prendre du recul sur la complexité de l’industrie de la santé et ses interactions avec la santé publique en général. Parce que je m’interrogeais sur ce que j’avais vécu dans des organisations associatives très institutionnalisées. Parce que je n’avais pas les moyens de m’offrir un bac+6 en management (je n’étais éligible à aucun prêt d’ailleurs). Et parce je n’avais pas le bon profil (capital social et relationnel, niveau de confiance en moi) pour réaliser mes ambitions. 

Pouvez-vous nous présenter rapidement votre sujet de thèse et nous dire comment il s’est construit ?
Comment soutenir l’innovation par l’organisation d’actions collectives afin de nourrir les capacités de dirigeants d’entreprises à entreprendre et agir. Il s’est construit en collaboration avec un pôle régional d’entreprises (le Pôle Services à la Personne PACA) et avec deux ans et demie de recherche théorique et terrain pour trouver le cadrage et la proposition théorique adéquate. 

Quels sont les principaux moments qui ont marqué votre thèse ?
Tous ceux où face aux difficultés j’ai perdu espoir (les périodes où j’ai pleuré de découragement peuvent se compter en semaines). Et ceux où j’ai voulu démissionner. Parmi toutes ces périodes difficiles j’ai également traversé un burn-out. Ce sont mes responsabilités associatives à la tête du réseau de doctorants l’Université qui m’ont permis de m’en sortir et de remonter la pente. Je ne pouvais pas laisser tomber mes collègues doctorants et notre projet commun.

Qu’est ce qui a été le plus dur pour vous durant votre thèse ?
La solitude. Le fait de ne jamais arriver à estimer le temps que prendra chaque nouvelle tâche (le temps paraît s’étirer à l’infini). Mes difficultés à écrire lorsque rien n’a de sens. La difficulté de ma directrice a m’aider à trouver ma voie et faire les choix adaptés.

Qu’est ce qui a été le plus beau ou le plus gratifiant pour vous durant votre thèse ?

La composition de mon jury. Le plaisir d’aller en colloque avec ma directrice. Sa grande générosité d’âme (vraiment). Il y a eu aussi les missions d’enseignement, en école de commerce d’abord (quel revers de destin !) puis à l’Université. Le contact avec les étudiants me dynamise ! 

Vous avez terminé votre thèse, vous avez été proclamée officiellement docteur en science de gestion, et alors qu’est-ce que vous faites aujourd’hui ?
Ingénieure maturation de projet de transfert à la SATT. C’est un contrat d’ingénieure de recherche et je travaille à l’interface entre une chercheuse en sociologie, rattachée au CNRS, et une équipe de deux entrepreneurs. Entre une chercheuse et des entrepreneurs…j’adore ! J’espère également pouvoir bientôt travailler comme cheffe de projet innovation sur un projet d’utilité publique d’ici l’année prochaine

Pour terminer, avez-vous un conseil à donner à ceux qui veulent faire une thèse ou aux jeunes doctorants ?
Ne le faites pas pour la valorisation et la reconnaissance. Ne le faites que si vous croyez en l’importance de la recherche pour la société. Puis accrochez-vous pour rester (et faire évoluer les pratiques académiques) ou partez faire autre chose en gardant votre âme de chercheur.